La tempête fait rage dehors tandis que nous sommes confortablement installés dans la cabine. Nous avons décidément bien choisi notre jour de repos.
Nous avons reçu un message de Mélanie et Jonathan. Vaincus par la météo, il se sont également arrêtés à Offersøy pour la nuit. De notre cabine, nous avons une magnifique vue sur la mer agitée mais les montagnes au loin sont perdues dans les nuages. La tempête se calme en soirée et nous partons en balade, juste avant le coucher du soleil, à la recherche des élans. Nous sommes chanceux et en voyons deux mais malheureusement sans bois. Dans la soirée nous voyons des aurores boréales pour la première fois, mais elles sont faibles et le ciel est fort nuageux.
Le jour suivant, nous partons déjà, roulons le long des montagnes des Sept Sœurs et passons par Sandnessjøen. Nous déjeunons avec une vue sur l’impressionnant pont de Helgeland. Une journée sans pluie est annoncée mais nous avons tout de même droit à deux averses pendant que nous mangeons… Dans l’après-midi, nous prenons le ferry pour Nesna. Nous quittons la ville avec des vélos bien chargés. En effet, nous avons dû faire le plein de courses car il n’y a aucun supermarché sur la route avant 100 km. Nous plantons la tente le long du fjord quelques kilomètres plus loin.
Le jour suivant est assez difficile avec un fort vent de face et une pente raide sur la montagne Sjonfjellet pour commencer la journée. Nous devons bien tenir nos vélos pour ne pas être poussés sur le côté par le vent. Comme souvent, nous sommes récompensés par de superbes vues au col et profitons de la longue descente de 6km. En général, nous n’aimons pas beaucoup rouler dans les tunnels, mais aujourd’hui, avec ce vent, c’est un réel plaisir de rouler dans deux longs tunnels de 3km chacun. En Norvège, les trajets sont longs car nous devons régulièrement contourner des montagnes, des lacs ou des fjords mais cela nous donne le temps d’admirer le paysage sous tous ses angles. Aujourd’hui, contourner le fjord Sjona nous prend une demi-journée. Le vent empire dans la journée et à cela s’ajoute la pluie dans l’après-midi. Nous planifions tout de même d’atteindre le quai de Kilboghamn afin de prendre le ferry tôt demain matin, et nous espérons secrètement pouvoir dormir dans la salle d’attente, s’il y en a une. Nous pourrions aussi planter la tente, mais la météo est toujours pluvieuse et venteuse. Nous sommes chanceux d’en trouver une et le gars qui s’occupe du café nous confirme que la salle reste ouverte toute la nuit et que nous pouvons y rester. Nous passons une bonne nuit sur le sol chauffé, à l’exception des lampes qui ne peuvent pas être éteintes. Nous avions déjà remarqué que beaucoup de lampes en Norvège n’ont pas d’interrupteur. Ils ont l’habitude de laisser certaines lampes allumer en permanence. Un peu étrange pour nous ! Nous voyons encore des aurores boréales entre les nuages pendant la nuit.
Dans la matinée, alors que nous attendons le ferry, c’est un bateau de passager qui arrive à la place. Il semblerait que le ferry soit « kaput », à ce qu’ils nous expliquent. Nous avons la chance de pouvoir monter à bord avec nos vélos. C’est donc à grande vitesse que nous passons le Cercle Polaire ! Yhaaaa ! La température a pas mal baissé ces derniers jours, toujours positive au niveau de la mer, mais la pluie se transforme en neige en altitude et nous sommes à présent entourés de sommets saupoudrés de blanc. Nous arrivons de l’autre côté une demi-heure plus tôt que prévu grâce au changement de bateau. Nous en profitons pour essayer d’avoir le ferry de 11h, 28km plus loin. Un petit défi mais cette première route dans le cercle polaire est sauvage et magnifique, et nous arrivons à temps. C’est un gain de temps qui tombe à point vu la météo pluvieuse annoncée pour le reste de la journée. De Halsa, nous faisons un aller-retour pour avoir une vue sur l’impressionnant bras Engabreen du glacier Svartisen, depuis l’aire de repos de Braset. À cette latitude, le glacier descend presque jusqu’au niveau de la mer et a de beaux reflets turquoises. Nous ne pouvons pas continuer plus loin sur la route 17 car le tunnel Svartistunellen (long de 6 kilomètres) est interdit aux vélos, et nous devons prendre la route secondaire 452 et un ferry à la place. De retour à Halsa, nous remplissons notre réservoir d’eau à l’église puis plantons la tente 5km plus loin, vers 15h. Nous pourrions encore rouler mais nous savons qu’il va bientôt pleuvoir. Effectivement, peu après, il commence à pleuvoir et cela dure des heures, jusqu’au soir. Nous cuisinons sous l’auvent et profitons de la chaleur de la tente. Malgré le mauvais temps, nous voyons mêmes des aurores boréales vers 1h du matin.
Nous nous réveillons en tout hâte, l’alarme n’a pas sonné. Nous sommes à 23km du prochain ferry et il n’y a que quelques ferrys par jour. Nous nous mettons au défi d’attraper le ferry de 8h25, sinon nous allons devoir attendre 6 heures pour le suivant. C’est avec soulagement que nous prenons enfin notre petit déjeuner en attendant le ferry. Heureusement, la route était facile et magnifique, et nous avons même vu deux chevreuils traverser la route devant nous. Nous passons par « la plus belle toilette du monde » à Ureddplassen. Celle-ci vaut bien une séance photo malgré la pluie. Nous recevons également un bon thé chaud d’un allemand qui voyage en mobile home.
Pour nous protéger de la pluie, nous prenons une longue pause déjeuner dans un Matkroken, un supermarché avec un petit café. Les gens là sont très sympas et nous laissent pique-niquer à l’intérieur. Nous repartons, pensant avoir évité le gros de la pluie, mais nous nous retrouvons trempé à peine quelques kilomètres plus loin, après un long tunnel. Plus tard, alors que nous prenons un snack (sous la pluie bien-sûr), nous rencontrons un norvégien sorti de nulle part, en chemin pour aller voir ses patates. Les rencontres avec des personnes qui nous encouragent lors de journées comme celle-ci nous aident à garder la motivation. Le trafic commence à être de plus en plus intense à mesure que nous nous rapprochons de Bodø, probablement car nous sommes vendredi après-midi et beaucoup de personnes passent le week-end dans leur cabane. La météo annoncée pour ce week-end est pour la première fois depuis 3 semaines assez bonne. Malgré le trafic, la route est superbe avec de magnifiques couleurs d’automne. Nous trouvons un adorable abri où nous pouvons planter la tente et cuisiner au sec, le long d’un chemin de randonnée dans les bois. Nous voyons encore des aurores boréales mais toujours faibles.
Le matin, pour nous réchauffer, nous profitons de l’abri pour prendre le temps de cuisiner une compote de pommes. En essayant de garder la batterie au chaud dans son sac de couchage hier soir, Armand se réveille avec l’écran de son téléphone cassé. Le téléphone est devenu inutilisable et s’ajoute à sa liste déjà longue de matériel cassé. Nous nous dirigeons à présent vers Bodø, où nous allons prendre le ferry pour les îles Lofoten. En chemin nous nous arrêtons à Salstraumen, ville connue pour son maelstrom. Le courant de marée est si fort qu’il crée des tourbillons dans l’eau. Nous sommes tenus par l’horaire du ferry et devons partir avant l’apogée mais nous sommes déjà impressionnés par le fort courant et les petits tourbillons qui se font et se défont sous le pont. Après un peu de pluie dans la matinée, nous avons notre premier jour de soleil depuis longtemps ! Parfait pour admirer l’élan qui traverser la route devant nous, quelques kilomètres avant Bodø. Nous arrivons à Bodø peu avant le ferry de 16h30 et nous sommes agréablement surpris de constater que la traversée est gratuite. La traversée du Vestfjorden est très calme et agréable. Nous pouvons admirer le “mur des Lofoten” se rapprocher ainsi qu’un superbe coucher de soleil. Après 3 heures de traversée, nous arrivons enfin à Moskenes, notre point de départ pour explorer les îles Lofoten !
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Quelles couleurs ! Magnifique ! Et moi qui croyais qu’au nord du cercle polaire il n’y avait que de la neige et de la glace …. Je vais revoir mes cours de géographie 😉 Bravo pour vos nombreux kilomètres parcourus quelque soit le temps. Heureusement que vous pouvez parfois loger au sec dans du dur. Merci de nous faire rêver